Avant d’amorcer la description, précisons tout de suite que le rituel funéraire dagara comporte des variantes qui peut différer selon les cas, les lieux, les causes et les circonstances de décès et même les catégories d’âge, de sexe et de statut social. Notre petite réflexion ne saura englober tous ces aspects. Aussi pour cette présente description, nous contenterons-nous de faire un survol des éléments essentiels qui composent le rituel funéraire dagara en général dans les cas ordinaires de décès.
Le but essentiel des rites funéraires étant d’assister le moribond durant ses dernières heures, de débarrasser les vivants de l’infection du cadavre tout en manifestant à son endroit les sentiments de respect et d’attachement qui s’imposent, enfin, de chasser le souvenir du défunt, le rituel funéraire dagara se déroulera en trois grands phases :
- Ante-mortem (A)
- Post-mortem (B)
- Posthume (C)
- Et enfin les Sanctions funéraires (D)
A- RITES ANTE-MORTEM
Cette étape comporte trois moments essentiels marquant le cheminement progressif du moribond vers la mort. Ce sont les instants avant l’agonie, à l’agonie et à l’expiration.
Avant l’agonie
“Qui part en voyage ménage sa monture” dit la sagesse dagara. Ainsi, pour le départ inévitable que constitue la mort, le Dagara prévoit un temps de préparation. Ce moment ultime est l’instant qui précède l’agonie. Pour marquer cette préparation, les proches du moribond à cet instant se réuniront autour de lui pour le soutenir et l’assister à ses dernières heures. Celui-ci donnera son testament et prodiguera des conseils à ses enfants. L’homme ou la femme prudent-e fera rassembler tout le nécessaire pour les funérailles, et donnera la liste des personnes à prévenir. En société dagara cet instant est d’une importance capitale pour les membres de la famille du moribond qui sont moralement tenus de présenter leurs adieux au moribond (voyageur) et de recevoir ses recommandations avant son agonie.
L’agonie
Elle marque la phase ultime de départ du moribond. C’est un moment pathétique pendant lequel l’entourage ne peut rester indifférent devant le deuil qui menace la famille et la société. Les femmes “se livrent à des complaintes interminables” (kparè-kone) où elles plaignent leur sort ainsi que celui de toute la famille et la société que menace le deuil imminent, et en appellent aux ancêtres et aux défunts précédents de la famille, qu’elles convoquent à la rencontre de celui qui va les rejoindre bientôt…. (C. Gbaane Dabire “Nisaal, l’homme comme relation” comme doctorat en philosophie T1, Laval Canada 1983). Ces complaintes prennent fin avec l’expiration du moribond.
L’expiration
Elle constitue le terminus, la phase finale du cheminement du moribond vers la mort. A cet instant, le moribond est soutenu par un des siens et doit mourir adossé aux genoux de celui-ci. En contexte dagara, seuls les sorciers et les maudits de la société sont laissés à eux-même pendant leurs derniers instants où ils se débattent tout seul jusqu’à mourir (ibid. page 268). L’expiration est immédiatement suivie des différents rites post-mortem.
B- RITES POST-MORTEM
Ils se résument en trois rites essentiels : les rites préparatoires, d’ouverture et la cérémonie funéraire.
Les rites préparatoires
La consultation
La cérémonie funèbre et son déroulement étant liés à la cause du décès, une consultation est faite au préalable, afin de découvrir les mobiles du décès et déterminer ainsi le déroulement des funérailles. Pour cette pratique, on interrogeait jadis le défunt lui-même. Et celui-ci désignait la cause de la mort. De nos jours, cette pratique a fait place à une consultation pure et simple d’un devin, engendrant ainsi un sacrifice. La consultation peut se situer avant ou après l’expiration (cf Jean-André Somda, fossoyeur à Dissin).
La toilette mortuaire
Elle est l’ensemble des soins donnant à la dépouille, l’allure d’un vivant qui repose et facilitant ainsi son exposition. Faite par les experts, elle consiste d’abord à raser la tête du défunt (les cheveux étant une impureté, le défunt doit en être débarrassé, lors de la coiffure, ils ne doivent pas tomber à terre), à nettoyer ensuite son corps avec de la pâte d’arachide, puis à le vêtir de la tenue mortuaire (kûu-kure : la culotte et kparu le boubou) avec toute la parure ad hoc pour son voyage. ” L’homme porte notamment son arc et son carquois comme tout voyageur prêt à prendre la route. La femme arbore toutes ses parures et n’oublie pas sa corbeille et sa calebasse…” (C. Gbaane Dabire p. 268).
Rite d’ouverture
Après la toilette mortuaire, le chef de famille ou un homme inaugure les pleurs par un triple cri”Sãa-woi” (Oh mon père) marquant ainsi le début des funérailles et donnant libre cours aux cris et lamentations de la foule. (NB : il existe trois types de cris : Sãa woi (oh mon père) quand il s’agit d’un décès dans la famille paternelle ; Mã woi lorsqu’il s’agit de la famille maternelle et Uei (oh malheur) quand il s’agit d’un non parent).
Pendant ce temps, on joue le lobri (petit balafon) accompagné d’un tambour (gãgaar) ; les parents médiateurs (lõluorbè) mettent aux membres de la famille éplorée les signes de deuil (les ganè (fibres) qu’on porte aux bras et la cendre), des émissaires (ko-yerbe) sont envoyés dans les villages environnants pour porter la nouvelle du décès. Enfin le défunt est exposé temporairement devant la porte, attendant qu’on apprête son trône pour la cérémonie funèbre. (Paala, sorte de catafalque en bois où l’on installe la dépouille pour la cérémonie funèbre. Sa face est orientée vers l’Est lorsqu’il est fait dans le cadre du décès d’un homme et vers l’Ouest pour la femme.)
Pour apprêter le trône, on disposera tout autour de nombreux objets hétéroclites en guise se bagages pour le défunt qui entreprend son long voyage pour le pays des ancêtres (kpimè-tew). Aussi verra-t-on autour du trôner d’un défunt (homme) :
- Des produits agricoles (épis de mil, maïs, arachides etc…), d’élevages (poules, pintades, moutons etc…), symboles de réussite dans l’agriculture ou dans l’élevage.
- Des cornes d’animaux sauvages tués par le défunt de son vivant, symbolisent le courage et la bravoure de celui-ci.
- L’arc et le carquois symbolisent la virilité et constituent l’arsenal d’armes de protection contre les ennemis éventuels de la route.
- Un boeuf appelé “kukur naab” (boeuf de la houe), est le signe d’une exceptionnelle réussite dans l’agriculture. Ce boeuf tient lieu de moyen de locomotion pour le voyage du défunt. Son omission est source d’ennuis pour le défunt lui-même et pour les vivants. Car, sans le sacrifice du kukur-naab, l’âme du défunt ne peut parvenir au pays des ancêtres, il demeure dans l’errance gâchant les récoltes et importune les vivants jusqu’à ce que le sacrifice soit effectué.
Autour du trône d’une défunte (femme), les biens-symboles se résument aux produits agricoles (mil, maïs, arachide), aux ustensiles de cuisine (calebasse, marmite, jarre, louche etc…) et aux fruits des activités d’élevage (mouton, chèvre, poule etc…).
Tout cet étalage des biens-symboles est d’une importance capitale pour le Dagara, car il met en exergue : “l’honneur de la famille en deuil qui tient à prouver aux arrivants que le défunt et les siens sont vraiment dignes du titre d’homme et de femme...” (C. Gbaane Dabire op. cit. p. 271) et favorise l’accueil, voire l’intégration du défunt au pays des ancêtres.
La cérémonie funèbre
Sommet de l’expression symbolique funèbre, elle se déroule en trois temps : le wvofu ou ouverture, la veillée funèbre, l’inhumation et la clôture.
Le wvofu ou ouverture de la veillée
Avant le jeu du grand balafon (dègaar), la cérémonie funèbre revêt un sens négligeable. Les nouveaux venus se contentent d’accomplir un simple rite de lamentation qui consiste en des va-et-vient devant la dépouille, puis vont s’asseoir à l’écart, en attendant le moment clé. La cérémonie prend beaucoup plus d’ampleur lorsque par le jeu du grand balafon (dègaar) on ouvre la veillée funèbre par le wvofu.. Rite solennel par excellence de l’ouverture de la cérémonie, le wvofu se compose de séances de lamentation, de pleurs, de complaintes et de danses autour du balafon. Au cours de ces séances, dans cantateurs (lãw-konbe) rivalisent dans l’art de la rhétorique.
Une séance de wvofu se déroule en trois temps marquée par trois airs différents de jeu du dègaar lorsqu’il s’agit d’un homme décédé et en quatre temps pour une femme.
Ce rite est inauguré par les membres de la famille du défunt. Leurs lamentations qui portent généralement sur tous les membres défunts de la famille, sont des complaintes qui évoquent le sort malheureux de la famille, après leur intervention marquant ainsi l’ouverture officielle des funérailles, commence la veillée funèbre.
La veillée funèbre
Elle se compose de : séances de lamentations, de scènes de commémoration (zanv-iru) et de publications de bonnes relations(muolv).
Les séances de lamentations : lieu de larmes et des interrogations du dagara face à la mort. Elles comportent deux étapes :
- la première qui concerne généralement les nouveaux arrivants, consiste en un défilé-lamentation, devant le trône mortuaire. Pour accomplir ce rite, les hommes font des va-et-vient devant le trône en criant ; les femmes restent sur place. Après les pleurs on jette des “cauris ou des pièces de monnaie” au pied du trône et des balafonistes, puis on se retire à l’écart (ces dons sont un signe concret de soutien et de participation aux funérailles. Ils appartiennent aux fossoyeurs).
- La seconde appelée “gyil gub” (garde de balafon) est une simple séance de lamentation autour du balafon. Il s’agit de murmures lugubres accompagnés de danses et rythmés par la mélodie qui se joue au balafon.
Ce rite ainsi accompli a pour but essentiel “d’extirper le souvenir de l’existence terrestre du défunt“. Son importance est d’autant plus capitale que son omission peut être source d’ennuis pour les ex-compagnons du défunt, dont celui-ci ne manquera pas de hanter la mémoire et le sommeil.
La publication de bonnes relations ou muolu : elle est une représentation officielle et publique de dons apportés par les amis du défunt. Cet acte, en même temps qu’il manifeste les liens de solidarité et d’amitié qui transcendent même la réalité de la mort.. “constitue à la fois un hommage rendu au défunt pour la qualité et la réussite de cette relation, un adieu définitif avec tous les voeux de bon voyage, et une invitation à sa famille sur terre en vue d’une poursuite de cette bonne relation qu’il serait dommage de laisser emporter par la mort …” (ibid. p. 278).
L’inhumation et la clôture
L’inhumation : souvent effectuée dans une ambiance de cris et de douleurs et de lamentations, elle est un temps pathétique qui marque la séparation définitive avec la personne du défunt. Elle est précédée d’un sacrifice de poule fait par le Tigan-sob (chef de terre), à l’adresse des puissances terriennes, en guise de demande d’autorisation non seulement pour le creusage de la tombe (kûu-bow), mais aussi pour l’inhumation (de forme cylindrique, la tombe dagara est de deux types : le bow-ziè “tombe rouge” est une tombe neuve, le bow-sèbla “tombe noire” est une ancienne tombe qui a été défaite pour être réutilisée.
Elle se déroule en très grande hâte. Les fossoyeurs vont chercher la dépouille mortelle qu’ils portent sur l’épaule et l’amènent à la tombe. Le croque-mort, muni d’un couteau et d’une feuille de karité, descend dans la tombe, reçoit la dépouille et la dispose. (tout cadavre selon la mentalité dagara étant censé être dangereux, le couteau et la feuille de karité sont des armes de protection dont tout fossoyeur devra se munir pour se défendre en cas d’attaque pendant l’enterrement.). L’homme est couché la face orientée vers l’Est (saa-pèri) et la femme vers l’Ouest.
Le respect pour les morts, le souci d’hygiène pour un environnement sain et viable, et enfin le souci d’éviter la mort, constituent les trois raisons fondamentales qui sous-tendent ce rite de l’inhumation chez le Dagara.
La clôture : elle est précédée d’un conciliabule familial dont l’objet est de résoudre toutes les questions liées aux funérailles. A l’issue de cet entretien, un boeuf (kowèl-naab) est tué. Puis comme à l’ouverture, les membres de la famille du défunt exécutent les derniers rites de lamentations marquant ainsi la clôture et la dispersion. (Ces lamentations sont un dernier cri et une convocation des ancêtres à la rencontre du voyageur défunt.).
Cependant tout n’est pas achevé après la clôture. Il existe de nombreux rites posthumes favorisant non seulement le départ définitif de l’âme du défunt au kpimè-tew, mais aussi permettant la restauration de la Paix et la réintégration des proches parents du défunt dans la société.
LES RITES POSTHUMES
Nous distinguons quatre rites essentiels. Le port du deuil, les rites d’accompagnements de l’âme, le levée de deuil (yaaru) et enfin le culte des ancêtres.
Le port du deuil (yawra guofu)
Pour marquer le temps de deuil qui commence à partir d’un repas “symbolique préparé à l’intention du défunt qui est censé revenir boire et manger en famille” (ibid. p. 285) on enduit les pieds et les mains du porteur de deuil de kaolin (yawra), on lui remet une besace, un bâton et une peau de chèvre ou de mouton qu’il porte en bandoulière et sur laquelle il peut s’asseoir. La femme porte comme symboles de deuil des fibres (gãnè) et tient toujours en main un bâtonnet (kèker pla).
Durant tout le temps que durera le deuil, les porteurs de deuil devront s’abstenir de prendre un bain et de rendre visite aux malades. Etant impurs (dègr, nyãn-dem) ils traînent avec eux l’ambiance de la mort, et rendre visite aux malades c’est les plonger dans cette atmosphère de mort et hâter ainsi leur mort.
Le temps de deuil qui prend fin le jour de l’accomplissement du premier rite pour l’accompagnement de l’âme du défunt, a pour but de purifier les proches parents du défunt et de les aider à consommer la rupture provoquée par la mort.
Les rites d’accompagnement de l’âme
Dans la mentalité dagara, les morts ne sont pas morts. Leur présence est toujours manifeste pendant toute la période de deuil, où ils continuent de circuler dans le village au milieu des siens. Car le siè (l’âme) qui quitte le corps aussitôt après la mort, ne fait pas encore partie du monde invisible (u bè cen sèr è). Pour qu’elle parte définitivement rejoindre les siens, c’est aux membres de la famille de faire jouer la solidarité familiale. D’où l’institution du rite d’accompagnement de l’âme qui se déroule en deux phases : le ko-dãa tuo, ou dolo des funérailles amères et le ko-dãa mar ou dolo des funérailles fraîches.
Le ko-dãa tuo
Il consiste en une première préparation du dolo en faveur de la délivrance de l’âme du défunt. En effet, dans sa pérégrination vers la cité des ancêtres, le défunt subit une épreuve de purification. Il est d’abord inconfortablement installé par les ancêtres défunts sur un arbre épineux (dazuge). Et dès que le dolo ou ko-dãa est préparé, ceux-ci le délivrent et l’installent au pied de l’arbre.
Le ko-dãa ‘mar
A la deuxième préparation (ko-dãa ‘mar), les ancêtres lavent le défunt, boivent le dolo et l’emmènent au pays des ancêtres (ibid. p.56). Tous ces rites conduisent progressivement vers la fin du deuil marqué par les rites de la levée de deuil.
La levée du deuil (yaaru)
Elle concerne aussi bien les proches du défunt que le défunt lui-même. Pour ce rite, il s’agira tout simplement de se débarrasser des signes de deuil. Ainsi, l’homme sera débarrassé de la peau, de la besace et du bâton. Et, avant de prendre un bain complet et porter de nouvelles tenues, on lui rasera la tête pour le débarrasser de l’impureté que constituent les cheveux. La levée de deuil de la femme s’effectue de la même manière.
Quant au défunt, un dernier repas est offert en son honneur pour qu’il mange et s’en aille définitivement rejoindre les siens au pays des ancêtres. Ce repas signe ainsi la rupture de la relation terrestre du défunt avec les vivants.
En somme la levée de deuil est un dernier acte de purification pour les vivants et de rupture définitive avec le défunt qui désormais appartient au monde des ancêtres.
le culte des ancêtres
Il consiste en l’installation dans le sanctuaire familial d’un symbole (kpiin daa), représentant le défunt. Ce symbole qui est généralement une sorte de bois fourchu sculpté à la suite d’une longue cérémonie rituelle, incarne à tout point de vue la personne même du défunt et permet aux membres de la famille d’être en communion permanente avec le monde des ancêtres défunts, à qui ils peuvent recourir en toutes circonstance : “voyage, naissance, maladie, succès, rêve, accident, pour rendre grâce, implorer pardon ou faire des voeux.” (J.E Bekuone Kpoda).
Toutefois tous les défunts ne bénéficient pas de ce culte. Pour en être gratifié, il faut avoir fait preuve d’une réussite particulière durant sa vie terrestre, et avoir eu au moins un enfant (généralement ce sont les enfants du défunt qui accomplissent ce culte. Alors, lorsque le défunt n’a pas procréé, il est difficile qu’il en soit gratifié). Cette considération nous emmène ainsi que le terrain des sanctions à l’égard des défunts en milieu dagara.
LES SANCTIONS FUNERAIRES
A l’instar de toute institution régie par des lois et des mesures disciplinaires, pour favoriser le respect et imposer l’importance de celle-ci, les funérailles dagara comportent aussi des sanctions. Tous les défunts n’ont pas automatiquement droit au rituel funéraire que nous venons de parcourir. La discipline funéraire dagara connaît trois types de sanctions : le refus des funérailles, les funérailles “amendées” et l’accord des funérailles.
Le refus des funérailles
Cette sanction concerne essentiellement deux catégories de personnes :
- le sorcier, considéré comme ennemi de la vie, sera purement et simplement jeté dans un vieux trou (bow-kpol) sans funérailles.
- le candidat çà l’initiation (bawr) qui meurt au cours des exercices de l’initiation subira le même sort parce qu’il a ainsi démérité du titre d’homme selon la coutume et les lois de l’initiation.
Les funérailles “amendées”
Dans certains cas de décès, la coutume exige un paiement d’amende pour une réparation rituelle (l’amende va dans l’ordre de 3000 cauris, plus deux poules et un animal pour le sacrifice de réparation). Car le décès en question est une punition de l’esprit Tigan (tigan-kûu nu).
Alors la logique voudrait qu’on apaise la colère du Tigan (croûte terrestre) par des sacrifices, avant de précéder à la célébration des funérailles.
Le sacrifice ainsi adressé au Tigan peut être agréé ou rejeté. Le rejet implique automatiquement la sanction du refus des funérailles. La sanction des funérailles “amendées” concerne notamment les cas de mort par accident tels : chute d’un arbre, morsure de serpent, foudroiement etc… et les cas de maladie comme : la diarrhée, l’hydropisie, l’épilepsie et certaines maux de tête (migraine) etc…
Qu’est-ce qui sous-tend toutes ces pratiques ?
La célébration des funérailles étant la manifestation de la solidarité entre les vivants et les morts, célébrer les funérailles d’un fautif coupable dont la mort en est la conséquence évidente punitive, c’est participer à sa faute. Ainsi donc, la crainte d’accélérer le rythme de la mort en solidarisant la famille et toute la société à la faute qui tue, explique ces pratiques.
L’accord des funérailles
Cette sanction est la résultante d’une vie pleinement réussie. Ainsi l’homme qui a fait preuve d’une réussite dans sa vie terrestre, sera bénéficiaire de bonnes funérailles. C’est le cas des vieillards décédés après une longue vie laissant de nombreux enfants.
Après ce bref parcours sur les sanctions funéraires, signalons cependant que pour le cas exceptionnel de ceux qui sont “privés de funérailles“, il est prévu des arrangements qui ont pour but de laver la tâche (ir dewr bèr) que constitue cette omission. (op. cit. p. 264) En somme, ayant pour but ultime de favoriser le départ du défunt, de purifier la société de la souillure de la mort et redonner la paix à la famille. Toutes ces pratiques rituelles ainsi parcourues, présentent en filigrane, la vision dagara de la mort.
Tiré de :
KUSIELE MEDA KOW Dominique Savio (abbé)
“Célébration chrétienne de funérailles dagara ; perspectives pastorales“
Mémoire de théologie, Grand séminaire Saint Jean-Baptiste de Ouagadougou
juin 2000.
Avec son aimable autorisation
Courriel : medakow@yahoo.fr
(Crédit photos : A. Chalamon)