Vulnérabilité des enfants : le cas du Burkina Faso

Lors de la 26ème conférence des Chefs d’Etats et de gouvernement de l’Organisation de l’Unité Africaine en juillet 1990, la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant a été adoptée. Elle s’est inspirée de la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant et sur la déclaration des droits et du Bien-Etre de l’Enfant Africain adoptée par l’OUA en juillet 1979, ainsi que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et de la Charte de l’Organisation de l’Unité Africaine.

Si certains droits déclinés dans cette charte sont identiques à ceux de la Convention des Nations Unies sur les Droits de l’Enfant, la plupart sont interprétés dans le contexte africain. Nous avons comme obligations mentionnées dans cette charte pour les pays participants :

  • Article 1 : les obligations des Etats membres
  • Article 2 : définition de l’enfant
  • Article 3 : la non-discrimination
  • Article 4 : l’intérêt supérieur de l’enfant
  • Article 5 : survie et développement
  • Article 6 : nom et nationalité
  • Article 7 : liberté d’expression
  • Article8 : liberté d’association
  • Article 9 : liberté de pensée, de conscience et de religion
  • Article 10 : protection de la vie privée
  • Article 11 : l’éducation
  • Article 12 : les loisirs, les activités récréatives et culturelles
  • Article 13 : les enfants handicapés
  • Article 14 : Santé et services médicaux
  • Article 15 :  le travail des enfants
  • Article 16 : protection contre l’abus et les mauvais traitements
  • Article 17 : Administration de la justice pour mineurs
  • Article 18 : protection de la famille
  • Article 19 : soins et protections de la part des parents
  • Article 20 :  la responsabilité des parents
  • Article 21 : Protection contre les pratiques négatives sociales et culturelles
  • Article 22 : conflits armés
  • Article 23 : enfants réfugiés
  • Article 24 : adoption
  • Article 25 : séparation avec les parents
  • Article 26 : protection contre l’apartheid et la discrimination
  • Article 27 : Exploitation sexuelle
  • Article 28 : consommation de drogues
  • Article 29 : Vente, traite, enlèvement, mendicité
  • Article 30 : enfants des mères emprisonnées
  • Article 31 : responsabilité des enfants

Parlant des responsabilité de l’enfant, nous pouvons citer entre autre que :
Tout enfant a des responsabilités envers sa famille, la société, l’Etat et toute autre communauté reconnue légalement, ainsi qu’envers la communauté internationale.

L’enfant, selon son âge et ses capacités, et sous réserve des restrictions contenues dans la présente Charte, a le devoir :

  1. D’oeuvrer pour la cohésion de sa famille, de respecter ses parents, ses supérieurs et les personnes âgées en toutes circonstances et de les assister en cas de besoin ;
  2. De servir la communauté nationale en plaçant ses capacités physiques et intellectuelles à sa disposition ;
  3. De préserver et de renforcer la solidarité de la société et de la nation
  4.  De préserver et de renforcer les valeurs culturelles africaines dans ces rapports avec les autres membres de la société, dans un esprit de tolérance, de dialogue et de consultation, de contribuer au bien-être moral de la société ;
  5. De préserver et de renforcer l’indépendance nationale et l’intégrité de son pays ;
  6. De contribuer au mieux de ses capacités, en toutes circonstances et à tous les niveaux, à promouvoir et à réaliser l’unité africaine.

Le Burkina Faso à l’instar des autres pays de l’Union Africaine, a ratifié cette charte le 8 juin 1992. Sa population est constituée en majorité d’enfants (55,75% de moins de 148 ans), qui vivent dans un environnement très défavorable, où la pauvreté frappe 46,4% de la population. Ce contexte rend ainsi difficile la promotion et la protection de leurs droits.

Néanmoins, d’importants efforts sont déployés par les autorités pour une application effective de la Charte Africaine des Droits et du Bien-Être de l’Enfant selon le “Rapport initial du Burkina Faso sur la mise en oeuvre de la Charte Africaine des Droits et du Bien Être de l’Enfant” 1999-2005. (Cliquer ici)

Toujours selon le même rapport ; parmi les mesures prises à cet effet, on note la lutte contre la discrimination en matière d’éducation qui a permis une meilleure scolarisation des filles. Plusieurs dispositions du Code Pénal prennent en compte l’intérêt supérieur de l’enfant, en punissant sévèrement les auteurs d’infractions commises au préjudice de l’enfant, tels l’abandon de famille, ou les coups et blessures volontaires. Une juridiction spéciale pour enfants a été créée en 2004 et des juges pour enfants ont été nommés. Les émissions spécifiques consacrées à l’enfant à la radio et à la télévision, la mise en place du Parlement des Enfants, sont des mesures prises pour la promotion du droit à la participation de l’enfant. En matière de droits civils et des libertés, les règles relatives au nom, ç la nationalité, à l’identité et à l’inscription à la naissance, sont prévues par le Code des Personnes et de la Famille en vigueur depuis 1990. Les libertés d’expression et de religion, d’association et de rassemblements pacifiques, sont garantis par la Constitution. En ce qui concerne l’environnement familial et la garde de remplacement, la famille est considérée comme le milieu par excellence de développement de la personnalité de l’enfant.

C’est pourquoi son importance est reconnue par la loi. En cas de défaillance de la famille, une garde de remplacement est trouvé à l’enfant en veillant à son intérêt. Des mesures sont prises pour assister les parents en cas de besoin. Ils reçoivent de l’autre à travers le parrainage des enfants pour leur scolarisation, l’appui économique pour des activités génératrices de revenus ou la construction de logements sociaux. Le droit à la sécurité sociale et aux installations et services de garderies est à promouvoir car il n’existe que 313 structures d’encadrement des enfants, soit un taux de pré-scolarisation qui est de 1,34%.
en matière de santé, l’Etat Burkinabè, avec l’appui de ses partenaires, ne ménage aucun effet pour que le droit à la santé soit une réalité pour ses enfants. Des progrès ont été enregistrés nonobstant quelques difficultés. Néanmoins, la situation sanitaire est caractérisée par des taux de mortalité maternelle et infantile qui – quoiqu’en baisse – demeurent élevés.

Néanmoins des difficultés existent telles que la non-dénonciation des cas de violences, surtout les cas au sein des familles, et la faiblesse du système éducatif avec pour conséquence le travail et le trafic des enfants.

En cette période de crise sanitaire généralisée, la vulnérabilité des enfants est encore plus remarquable. Pour faire appliquer aux enfants les mesures barrières dans un contexte burkinabè, est quasi impossible. Les enfants sont donc laissés à eux-mêmes.

Dieudonné Ouedraogo
Responsable du Centre de Développement pour Enfants BF0255
Adresse email : ouedraogodieudonne8@gmail.com
N°Whatsapp : (+226) 70 39 47 22
Association ATTBM

 

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(Crédit photos : Apti, African Child project – A. Chalamon)